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Le transfert de bail commercial

Interview de Madame Sladjana Andric, responsable métier Gérance chez Duboux Immobilier à Lausanne.

  • Quelles sont les différences entre le transfert d’un bail commercial et un bail d’habitation ? 

La différence principale se situe dans le transfert de bail commercial. En effet, dans ce cas de figure, le locataire transférant perd ses droits vis-à-vis du bailleur mais reste solidairement responsable des obligations découlant du contrat jusqu’à la fin de ce dernier, mais au plus tard deux ans dès le transfert effectif du bail.

De plus, le nouveau locataire devra quant à lui être attentif aux obligations qu’il reprend au terme du transfert de bail, notamment en lien avec d’éventuels arriérés de loyer en raison du non-paiement par les locataires transférants

Ces particularités ne s’appliquent pas dans le cadre d’un « transfert » de bail pour habitation.

  • Est-ce qu’un bail commercial peut être transféré sans délai de préavis ?

Tenant compte que le transfert de bail nécessite le consentement écrit du bailleur et que ce dernier doit disposer de tous les renseignements utiles et du temps nécessaire pour pouvoir étudier le dossier du locataire reprenant, il est en général admis un délai de 30 jours, qui peut être plus long dans l’éventualité où il s’agirait d’un cas plus complexe, dans ce cas on compte facilement 60 jours de délai.

  • Existe-t-il des situations extraordinaires qui ne tiennent pas compte des échéances légales ?  

Dans le cadre d’une résiliation anticipée du bail, le locataire doit chercher une personne intéressée à reprendre les locaux commerciaux en question et ayant en outre les moyens d’acquitter le loyer dû. Cependant, aux termes de l’article 266g CO, si, pour de justes motifs, l’exécution du contrat devient intolérable pour une partie, celle-ci peut résilier le bail à n’importe quel moment en respectant le délai de congé légal, sans être liée à la durée contractuelle.

L’application de l’art. 266g CO est subordonnée à l’existence de « justes motifs », c’est-à-dire de circonstances inconnues et imprévisibles lors de la conclusion du contrat, et qui ne sont pas imputables à une faute de la partie qui s’en prévaut. Il doit s’agir également de circonstances extraordinaires, présentant un caractère de gravité, à tel point que l’exécution du bail est devenue intolérable pour l’auteur du congé.

  • Est-ce que le propriétaire peut s’opposer au transfert du bail ? 

Le propriétaire ne peut refuser un transfert de bail que pour de justes motifs, soit toutes les circonstances objectives et subjectives qui, selon les règles de la bonne foi, ne permettent pas de lui imposer une relation contractuelle avec le bénéficiaire du transfert, notamment parce qu’il s’expose à une détérioration de sa situation ou à des difficultés.

Sont considérées comme justes motifs l’insolvabilité du bénéficiaire du transfert, sa moralité douteuse ou l’absence d’autorisation officielle nécessaire à l’exploitation commerciale déployée dans les locaux (Certificat de capacité pour exploiter un café-restaurant, par exemple). L’insolvabilité de bénéficiaire du transfert peut soit être avérée (poursuites en cours par exemple), soit compromise par le montant exagéré de la remise de commerce. Le locataire transférant doit ainsi requérir l’accord du bailleur, requête qui n’est soumise à aucune forme particulière.

Pour ce faire, le bailleur peut demander au transférant de lui fournir les renseignements qui lui permettront de se prononcer en toute connaissance de cause : identité du bénéficiaire du transfert, données concernant sa solvabilité et ses capacités professionnelles, extrait du Registre du commerce s’il s’agit d’une société et montant de la remise de commerce.

  • Est-ce que le locataire peut sous-louer la surface commerciale ?

En vertu des articles 262 CO et 22 RULV, le locataire peut sous-louer tout ou partie de la chose avec le consentement préalable et écrit du bailleur et moyennant le respect d’un certain nombre de conditions (communication des conditions de la sous-location, conditions de la sous-location pas abusives, pas d’inconvénients majeurs pour le bailleur).

Sladjana Andric, Duboux Immobilier.

uspi